Publié le 13 décembre 2021
L'œuf, la protéine animale la plus durable ?
Garantir à tous les habitants de la planète l'accès à un régime alimentaire nutritif de manière durable est l'un des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés. Pour qu'une activité agricole soit considérée comme durable, elle doit remplir trois conditions préalables : elle ne doit pas perturber l'environnement, tout en étant financièrement accessible à l'agriculteur, et elle doit répondre aux besoins de la société (notamment au bien-être animal). En résumé, l'agriculture durable doit être économiquement viable, socialement responsable et écologiquement saine.
Dans cet article, nous allons parler des impacts environnementaux de la production d'œufs. Depuis des décennies, les producteurs d'œufs ont repoussé les limites de l'innovation en investissant dans la recherche agricole et en adoptant des pratiques visant à améliorer le bien-être des animaux, accroître la productivité, réduire les émissions et renforcer la durabilité. Il est essentiel pour l'Homme et la planète de veiller à ce que la production d'œufs se poursuive de manière durable. Dans la suite de cet article, nous avons répertorié l'utilisation des terres ainsi que les émissions de gaz à effet de serre tout au long de la chaîne d'approvisionnement et ce, pour 100 grammes de protéines produites.
Empreinte carbone de l’utilisation des terres
Comment peut-on comparer l'empreinte écologique de l’utilisation des sols de différents produits alimentaires ? Quels sont les aliments qui ont utilisé le plus et le moins de terres pour leur production, en termes d'unités nutritionnelles : ceci nous indique leur impact, faible ou élevé, dans l’apport de protéines ou d’énergie/calories.
Sur le graphique ci-dessous, nous montrons l'empreinte de la culture ou l’élevage, mesurée en mètres carrés (m²) pour 1000 kilocalories. Parmi les aliments à base de protéines animales répertoriés dans le tableau, les œufs et les crevettes d'élevage sont ceux qui nécessitent la plus faible utilisation des sols pour produire 1 000 kilocalories. Étonnamment, il n'y a pratiquement aucune différence entre les œufs et les tomates !
Utilisation des sols par aliment pour 1 000 kilocalories
Les émissions de gaz à effet de serre dans la chaîne d'approvisionnement
Les populations du monde entier sont de plus en plus préoccupées par le changement climatique. Le récent rapport publié par le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat souligne l'importance d'agir à court terme. La production alimentaire représente un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Nous sommes de plus en plus conscients que notre régime et nos choix alimentaires ont un impact significatif sur notre "empreinte" carbone. « Manger local » est une suggestion que nous entendons souvent, même de la part de sources éminentes telles que les Nations Unies. Intuitivement, cette recommandation est logique, car le transport entraîne des émissions, mais il semble que ce soit l'un des conseils les plus erronés si l'on considère les émissions de GES tout au long de la chaîne d'approvisionnement des différents aliments. Manger localement aurait un impact significatif si le transport était responsable d'une grande partie de l'empreinte carbone finale des aliments, mais pour la plupart d’entre eux, ce n'est pas le cas, car les émissions de GES dues au transport ne représentent qu'une très petite partie des émissions des aliments. Le message à suivre devrait donc être le suivant :
Ce que vous mangez est bien plus important que la provenance de vos aliments.
Sur le schéma ci-dessous, nous voyons les émissions de GES de différents produits alimentaires - du bœuf, en bas, aux petits pois, en haut. Pour chaque produit, vous pouvez voir à quelle étape de la chaîne d'approvisionnement ses émissions proviennent. Cela passe par des changements d'affectation des sols, à gauche, au transport et à l'emballage, à droite. Ce tableau montre clairement qu'il existe des différences considérables entre les émissions de GES des différents aliments : la production d'un kilogramme de bœuf émet 60 kilogrammes de GES (équivalents CO2), alors que les pois n'émettent qu'un kilogramme de GES par kilogramme. Les aliments d'origine animale ont tendance à avoir une empreinte plus élevée que les aliments d'origine végétale, mais de grandes différences sont présentes entre les aliments d'origine animale. Les œufs ont clairement l'empreinte la plus favorable de toutes les protéines animales considérées dans cette étude.
Émissions de gaz à effet de serre des aliments tout au long de la chaîne d'approvisionnement
Émissions de gaz à effet de serre pour 100 grammes de protéines
Manger moins de viande ou opter pour des viandes à faible impact comme le poulet ou les œufs est le moyen le plus efficace pour les individus de réduire leur empreinte alimentaire. Nous savons que le monde n'abandonnera pas l'élevage de sitôt, et il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles nous ne le souhaitons pas : l'élevage de volailles n'est pas seulement une source importante de revenus pour de nombreux ménages, il peut également constituer une source essentielle de nutrition dans les contextes locaux. En particulier dans les pays à faible revenu où les régimes alimentaires manquent de variation, un œuf par jour peut être une source essentielle de protéines et de micronutriments. L'accès à ces nutriments essentiels peut améliorer leur développement ainsi que leur santé et leur bien-être général.
Pour en savoir plus (en anglais) :
- Poore, J., & Nemecek, T. (2018). Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science, 360(6392), 987-992. This is data from the largest meta-analysis of global food systems to date.
- Hannah Ritchie and Max Roser (2020) - "Environmental impacts of food production". Environmental impacts of food production - Our World in Data, Published online at OurWorldInData.org (online resource).