Publié le 12 octobre 2023
L’amyloïdose articulaire chez la poule pondeuse
L’amyloïdose articulaire, aussi appelée “maladie des petites pattes” est une maladie qui se caractérise par la présence de fragments de protéines dans certains tissus, notamment au niveau articulaire. Elle se décrit chez les poulets par un abattement, des retards de croissance, un gonflement des articulations, des yeux fermés. Les conséquences en élevage sont importantes et nuisent beaucoup au bien-être des animaux. En effet, on relève que le taux de morbidité qui varie entre 1% et 4% peut atteindre dans certains cas les 20%. La maladie a pu être reproduite en laboratoire au moyen d’infections expérimentales avec Enterococcus faecalis.
Les origines de la maladie et généralités
L’amyloïdose articulaire est une maladie complexe et multifactorielle dont l’apparition dépend des conditions de vies des animaux dans les élevages ainsi que d’une bactérie particulière : Enterococcus faecalis.
Enterococcus faecalis
Enterococcus faecalis est une bactérie assez commune en volaille. En cas de contamination importante des animaux, elle peut jouer un rôle déterminant dans l’apparition de la maladie. De la famille des Enterocaccaceae, cette bactérie à Gram positif se présente de manière isolée, en paires, en courtes chaînes ou en petits amas.
On retrouve les entérocoques dans divers biotopes, dans le sol et les végétaux, l’eau de mer et les eaux usées, mais aussi et surtout dans l’intestin de l’homme et des animaux. En effet, la plupart des espèces d’entérocoques contribuent à la composition des flores intestinales. Ainsi, il apparaît que l’Enterococcus faecalis est la cause de contamination de certains aliments d’origine animale comme les produits laitiers, la viande et les produits de la pêche.
Les facteurs de pathogénicité sont encore mal connus car cette bactérie n’est pas très virulente. Elle se contracte principalement au contact de l’air infecté voire à l’occasion de certaines vaccinations. Les entérocoques sont connus pour être très résistants du fait de résistances immunitaires ou antibiotiques naturelles.
Le sérum amyloïdien A
Comme énoncé plus haut, les conditions de vies des animaux dans les élevages contribuent aussi à l’apparition de l’amyloïdose articulaire.
Il existe plusieurs types d’amyloïdoses. En effet, ces dernières sont classées suivant la caractéristique des protéines formées sur les tissus. Dans le cas d’une amyloïdose articulaire, on qualifie les protéines amyloïdiennes comme étant de type A.
En cas d’infection chronique, d’inflammation ou de stress dans les élevages, l’organisme se défend en produisant une très forte quantité de sérum amyloïdien A. Sa concentration plasmatique peut ainsi être multipliée par mille lors d’une phase de réponse aiguë, et cela en seulement quelques jours. Ceci entraine un dépôt tissus articulaires d’une substance orangée à l’origine de l’amyloïdose articulaire.
Pathogénie
Toutes les poules pondeuses n’ont pas la même sensibilité à cette infection. On remarque que la maladie est présente quasi exclusivement chez les poules à œufs bruns et pas chez les poules à œufs blancs. Cette divergence viendrait d’une différence du type de réponse immunitaire, plutôt à médiation humorale chez les poules brunes et à médiation cellulaire chez les blanches.
On observe différents signes cliniques de l’apparition de la maladie. Une cachexie marquée par des gonflements au niveau des articulations fémoro-tibiales et tibio-métatarsiennes. Les volailles affectées ont tendance à fermer les yeux, à perdre leurs plumes et à chercher la proximité de leur congénère.
L’observation d’une coupe des articulations atteintes révèle des dépôts amyloïdiens dans la capsule articulaire et péri-articulaire, ainsi que dans la cavité articulaire. En effet, l’accumulation de fragments de protéines autour des articulations se manifeste par une substance orangée qui fait gonfler les ligaments articulaires internes (a). On remarque également que les ligaments articulaires externes (le tendon, le quadriceps fémoral et les extrémités discales) sont aussi couverts de cette substance orangée (b).
Même si elles sont principalement touchées, l’amyloïdose articulaire n’affecte pas seulement les articulations. On remarque qu’elle peut s’attaquer aussi aux organes tels que le foie ou la rate.
Dans ce cas, les poules affectées montrent une forte baisse de production d’œufs, voire même une incapacité à pouvoir en produire.
Les solutions
Il est fondamental de pouvoir détecter le problème sur un lot dès que celui-ci apparait. Un œil aguerri peut ainsi observer les premières poulettes atteintes dès l’âge de 4 à 6 semaines. Il s’agit, en général, de sujets présentant un retard de croissance et une démarche particulière. Les animaux atteints tendent, par ailleurs, à fuir en cherchant, par exemple, à s’abriter sous les chaines.
On prévient l’apparition des risques d’amyloïdose articulaire par la prophylaxie médicale, par des conditions d’élevage améliorée ainsi que des solutions curatives. Des traitements anti-inflammatoires sont envisageables et peuvent réduire de 10 à 20% l’incidence de la maladie. Concernant les conditions d’élevage, on cherche à limiter la propagation de la maladie par un renforcement des règles d’hygiènes, par un contrôle de la vitesse de l’air, ou encore en régulant la densité et en améliorant le bien-être afin de limiter le stress des animaux. Enfin, un tri des sujets atteints s’avère nécessaire car ils sont des non-valeurs économiques.