Publié le 29 juin 2021
La nutrition de pondeuses en systèmes alternatifs
La transition d'un système de production en cages vers un système alternatif, que ce soit au sol ou en volière, exige une attention particulière en termes de management. L'un des aspects importants est la nutrition.
Des oiseaux résistants
Le changement le plus important qui intervient dans un système alternatif, et qui permet de comprendre les besoins des oiseaux, est le niveau d'énergie dépensé par les poules. L'énergie nécessaire à la production n'est pas différente puisque les niveaux de production sont égaux. Cependant, dans un système au sol, les oiseaux peuvent se déplacer librement et exprimer des comportements naturels, ils utilisent donc beaucoup plus d'énergie dans leur activité quotidienne.
C'est pourquoi il est important de commencer avec des oiseaux très robustes qui pourront ainsi produire un grand nombre d'œufs, se maintenir en bonne santé et résister aux maladies. Afin de s'assurer que les poules continuent à bien pondre au pic de production, le poids corporel est un facteur important. Un mauvais poids corporel entraîne des oiseaux faibles, plus sensibles aux maladies et un taux de production inférieur. Au début de la ponte, il est conseillé d'atteindre rapidement un poids corporel mature et d'utiliser un aliment à valeur énergétique plus élevée (2850-2900 Kcal/kg). Ensuite, au milieu et à la fin de la ponte, l'objectif est de maintenir un poids corporel stable. Si la poule vient à s’engraisser de façon excessive, elle risque de souffrir de stéatose hépatique. A l’inverse, un poids trop faible entraînera une baisse de production. Vous trouverez ci-dessous une illustration de la relation entre la consommation d'énergie et les besoins énergétiques.
Niveaux d’acides aminés
Les besoins quotidiens en acides aminés des pondeuses restent les mêmes quel que soit le système de production (cage ou alternatif). En effet, ces besoins dépendent de la masse d'œufs produite indépendamment de l’activité physique des animaux et la concentration d'acides aminés dans l'alimentation doit ainsi être adaptée à la consommation d'aliment observée. Par conséquent, si cette dernière est plus élevée dans le système alternatif, le niveau d'inclusion en acides aminés en pourcentage dans l'aliment pourrait être plus faible.
Au début de la ponte, les besoins de croissance sont plus élevés. Comme la consommation d'aliment peut varier et qu’une bonne uniformité du troupeau peut être plus délicate à atteindre, il est recommandé d'ajuster les acides aminés sur cette période. Une marge de sécurité minimale de 6% est recommandée et la marge conseillée est de 10%.
Les niveaux d’acides aminés doivent être ajustés en fonction de la :
- Production d’œufs (masse d’œuf produite élevée, besoin en acides aminés quotidien plus élevé)
- Consommation d’aliment (par exemple, lors d’une consommation faible, la concentration d’acides aminés doit être augmentée)
Au milieu et en fin de ponte, les besoins sont moindres en raison de la fin de la croissance. Si la consommation est stable et la production élevée, il n'est pas utile de diminuer la concentration en acides aminés pour assurer la persistance de la ponte, car une concentration alimentaire plus faible pourrait faire baisser le taux de ponte.
Technique de vide des mangeoires
Par ailleurs, les techniques d'alimentation utilisées sont des facteurs clés pour obtenir la meilleure qualité de coquille possible et des niveaux de consommation suffisants. Il a été constaté que la majeure partie de l'aliment est ingérée au cours des 4 dernières heures de la journée.
Il s'agit d'un comportement alimentaire naturel, et donc pour encourager cette tendance, surtout dans un système alternatif, il est conseillé de fournir au moins 60 % de l'alimentation quotidienne dans l'après-midi et avant que cette période ne commence, les mangeoires doivent être vidées au milieu de la journée pendant 1 heure à 1 heure et demie maximum. C'est ce qu'on appelle la technique du vide de mangeoire.
L'application de cette technique permet de contrôler le poids corporel, l'uniformité du troupeau et la qualité de coquille, car la totalité de l'alimentation est consommée quotidiennement, y compris les fines particules alimentaires qui sont la plupart du temps constituées des vitamines, des minéraux et des acides aminés.
Dilution de l’aliment avec des fibres insolubles grossières
L'introduction de fibres insolubles grossières dans la ration aura une incidence sur le comportement des pondeuses, le contrôle du poids corporel, le développement de la capacité d'ingestion, l’emplumementet la viabilité le. Les fibres insolubles grossières comme la lignineaméliorent la digestion en stimulant les mouvements intestinaux et favorisent le développement du jabot et du gésier en phase d'élevage. Sans ce type de fibres, les oiseaux peuvent se piquer pour manger des plumes afin d'obtenir des fibres et atteindre une sensation de satiété. Le pourcentage de fibres inclus dans l'alimentation dépend de l'environnement.
Dans les aliment hautement concentrés, la teneur en fibres brutes ne doit pas être trop élevée (3,5 % maximum), car les fibres diluent le régime. Les aliment à faible teneur en fibres sont recommandés en climat chaud où la prise alimentaire peut devenir un facteur limitant. Il est important de ne pas trop diluer l'aliment afin que les oiseaux consomment quotidiennement suffisamment d'énergie et de nutriments tels que les acides aminés. Il est recommandé de se concentrer sur l'ajout de fibres dans la phase de développement afin de stimuler l’augmentation de la capacité d’ingestion.
Il est préférable d'inclure plus de fibres jusqu'à un niveau de 7 % pour les poules plein air, où le picage des plumes est plus fréquent. L'augmentation de fibres structurelles dans l'aliment encouragera la saciété, ce qui entraînera un comportement plus docile, et fournira une structure au tractus gastro-intestinal.
Régime contrôlé |
Régime contrôlé + coques d’avoine |
Régime contrôlé + coques d’avoine grossière |
|
---|---|---|---|
Contenu du gésier hors plumes, g DM | 0,53 | 1,22 | 3,56 |
Plumes dans le gésier, g |
0,46 | 0,46 | 0,02 |
Selon leur stade de développement, les pondeuses auront besoin de niveaux de fibres différents. Au début de la ponte, la capacité d'absorption de l’aliment est encore faible, il est donc important de prendre un bon départ pour la production et la croissance. Une densité élevée de nutriments et d'énergie est nécessaire avec une teneur élevée en acides aminés. Par conséquent, la teneur en fibres de l'aliment doit être plus faible en début de ponte afin d'obtenir une plus grande quantité de nutriments dans l'aliment.
À la fin de la ponte, la consommation d'aliment est suffisante ; une concentration énergétique et un niveau de nutriments inférieurs permettront donc d’atteindre un équilibre alimentaire. Si la persistance de la ponte est bonne, il n'est par contre pas nécessaire de diminuer les besoins en acides aminés. Si les oiseaux maintiennent de hauts niveaux de consommation sans que les formules n’aient été ajustées, il y a un risque de stéatose hépatique (foie gras) à l’origine notamment de défaut de qualité de coquille. L'ajout de fibres insolubles grossières aidera ainsi à contrôler le poids corporel, à calmer leur comportement et à réduire la mortalité.
Plumage et viabilité
Dans un élevage au sol, l’emplumement est un facteur important qui affecte les normes de bien-être et l'économie, car un mauvais emplumement augmente les consommations d'aliment, les besoins d'entretien étant plus élevés.
L’emplumementn'aura pas d'effet sur la production d'œufs, en termes de nombre d'œufs, de qualité des œufs (interne et externe) ou de persistance de la ponte. Cependant, à mesure que les normes de bien-être continuent d'évoluer, l’emplumement sera un indicateur de bien-être de plus en plus important. Un autre impact négatif d'un mauvais emplumementest une augmentation des niveaux de consommation d’aliment responsable d’une dégradation de l’indice de conversion.
Comme mentionné précédemment, le fait de diluer l'aliment en augmentant le taux d’incorporation de fibres insolubles peut contribuer à améliorer l’emplumement. Comme le montre le graphique ci-dessous, lorsque l'alimentat est diluée avec des fibres insolubles : extrait de graines de tournesol ou coques d'avoine (ou combinaison : 50-50 dans un aliment à 7,5 % de fibres insolubles), les scores d’emplumement s'améliorent. Cette incorporation peut commencer à partir de 4 semaines d'âge pour les balles d'avoine, 8 semaines d'âge pour le tournesol, en la maintenant jusqu’à 16 semaines d’âge..
En résumé, il faut se concentrer sur quelques points nutritionnels clés lorsqu'on élève des poules dans des systèmes alternatifs :
- Commencer avec des oiseaux robustes en s'assurant qu'ils reçoivent la bonne quantité d’énergie en début de ponte et qu'ils obtiennent des poids corporels matures conformément au standard.
- Les besoins en acides aminés ne sont pas significativement différents, mais les niveaux doivent être ajustés en fonction de la masse d'œufs produite et de la consommation alimentaire observée. La consommation d'aliment tend à être plus élevée dans les systèmes alternatifs.
- L'application d’un vide de mangeoires permet d'améliorer l'uniformité du troupeau et la solidité de coquille.
- Afin d'assurer une bonne viabilité, l'utilisation de fibres insolubles grossières améliorera l’emplumement et entraînera un comportement plus docile.
References
1) Hetland et al., 2005
Hetland H, Svihus B, Choct M
Role of insoluble fiber on gizzard activity in layers
Journal of applied poultry research No.14 p38-40
2005
2) Qaisrani et al., 2013
Qaisrani S.N., van Krimpen M.M., Kwakkel R.P.
Effects of dietary dilution source and dilution level on feather damage, performance, behaviour and litter conditions in pullets.
Poultry Science No.92 p591-602
2013